Le président Nana Akufo-Addo a fait de 2019 « l’année du retour de la diaspora ». Elydora Matubanzila n’a pas attendu ce coup de communication pour s’installer au Ghana. Attirée par les opportunités économiques du pays, la jeune femme a quitté Paris il y a quatre ans.
Ses yeux brillent lorsqu’elle évoque son nouveau challenge. Cette année, Elydora Matubanzila a lancé sa propre affaire : la commercialisation de bouteilles de miel en forme d’ourson et au packaging soigné. « Dans les magasins locaux, le miel se recharge directement dans des bouteilles en plastique au design peu agréable. Cela n’incite pas les gens à acheter le produit », explique l’entrepreneuse de 28 ans, qui a déjà convaincu plusieurs établissements.

L’entreprise d’Elydora Matubanzila commercialise des bouteilles de miel originales – © Valentin Deleforterie
La Parisienne, dont la mère est ghanéenne, s’est installée il y a quatre ans à Tema, à 30 kilomètres d’Accra. « J’ai toujours eu des attaches au Ghana, explique-t-elle. Quand j’étais enfant, j’y allais pour les vacances chaque année, j’y ai noué des amitiés fortes. Plus tard, j’y suis retournée, pour effectuer des stages cette fois-ci. » Durant toutes ses vacances universitaires, elle a enchaîné des expériences professionnelles variées.
Tour à tour, Elydora a été traductrice pour l’autorité portuaire nationale, commerciale pour une fabrique de ciment, puis chargée de communication pour une banque panafricaine à Paris. En parallèle, cette jeune femme au fort tempérament a poursuivi des études de business et de négociations internationales à la Sorbonne-Nouvelle, à Paris. Le temps de se forger une solide culture entrepreneuriale.
Un mémoire sur l’économie ghanéenne
En 2014, à l’occasion de son dernier stage, Elydora publie un mémoire sur l’environnement du business au Ghana. « Mes recherches ont mis en évidence l’attractivité du pays pour les entrepreneurs. Cette émulation m’a réellement donné envie de venir m’installer dans ce pays », explique-t-elle. Dans la foulée, elle fait jouer son réseau et parvient à décrocher un contrat de travail au bureau accréen de MTT, une entreprise française spécialisée dans les accessoires de téléphones.
Elle fait ses premières armes pendant près de deux ans, en tant que chargée de développement de la compagnie. Puis elle accepte l’offre d’une multinationale de réservation d’hébergements en ligne, qui lui propose de devenir sa chargée des comptes pour toute l’Afrique de l’Ouest. Le poste consiste à évaluer les défauts des hébergements et à leur suggérer des pistes pour améliorer leurs ventes et leur communication. À l’heure actuelle, Elydora occupe toujours ce poste, en parallèle de son activité de vente de miel.

Elydora Matubanzila a quitté son appartement parisien pour habiter une maison à Tema, une ville proche de la capitale ghanéenne – © Valentin Deleforterie
Deux cultures différentes
Passer des vacances au Ghana et y vivre n’a rien à voir, même pour une Franco-Ghanéenne. Il a fallu du temps à Elydora pour s’habituer à la culture locale : « On ne peut pas immigrer au Ghana sans s’y être préparée psychologiquement. J’avais beau connaître le pays, mon côté parisien impatient a eu du mal à épouser la cool attitude des Ghanéens. »
Plus encore que la mentalité, ce sont les conditions de vie ghanéennes qui contrastent avec son ancien quotidien parisien. « Le confort me manque parfois. À Accra, c’est plus difficile de sortir au restaurant ou dans un bar entre amis qu’à Paris. Le niveau de vie n’est pas le même. À la différence de la France, au Ghana, il faut être relativement riche pour se payer ce genre de luxes. »
Elydora a finalement attendu 2018 pour demander la nationalité ghanéenne. La démarche n’a pas été compliquée, le pays autorisant tout enfant de citoyen à accéder à la nationalité, même en cas de naissance à l’étranger. Le Ghana fait d’ailleurs partie des pays africains les plus ouverts sur cette question.
Après avoir lancé sa première entreprise, Elydora souhaite maintenant embrayer sur un deuxième projet. Elle compte créer une plateforme d’accueil pour soutenir dans leur intégration les enfants de la diaspora qui, comme elle, tenteront l’aventure ghanéenne.
Valentin Deleforterie et William Poutrain
Photo de une : © Valentin Deleforterie
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